Aller au contenu

Hawker Sea Fury

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Hawker Sea Fury
Vue de l'avion.
Un Sea Fury aux couleurs de la Marine royale canadienne, photographié en 2004 lors des courses aériennes de Reno, dans le Nevada.

Constructeur Hawker-Siddeley
Rôle Chasseur embarqué
Statut Retiré du service
Premier vol
Mise en service
Date de retrait (FAA)
1956 (RCN)
Nombre construits 860
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur Bristol Centaurus XVIIC
Nombre 1
Type 18 cylindres en double étoile
Puissance unitaire 2 480 ch
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 11,7 m
Longueur 10,6 m
Hauteur 4,9 m
Surface alaire 26 m2
Masses
À vide 4 190 kg
Maximale 5 670 kg
Performances
Vitesse de croisière 625 km/h
Vitesse maximale 740 km/h
Plafond 10 900 m
Rayon d'action 1 127 km
Armement
Interne 4 canons de 20 mm Hispano-Suiza HS.404
Externe 12 roquettes de 72,6 mm ou 907 kg de bombes

Le Sea Fury était un chasseur britannique développé pour la Royal Navy par le constructeur Hawker-Siddeley durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut le dernier appareil à hélice de la Royal Navy, l'un des plus rapides monomoteurs à pistons jamais construit, et le dernier chasseur à hélice à abattre un avion à réaction, un MiG-15, abattu par le Commander Peter Carmichael le .

Plusieurs spécialistes soulignent la ressemblance marquée avec le chasseur-bombardier allemand Focke-Wulf 190. Le fait historique suivant peut apporter un éclairage significatif à cette hypothèse : le , le lieutenant-pilote allemand Armin Faber de la Luftwaffe pose son Focke-Wulf Fw 190A tout neuf sur la base aérienne de Pembrey (en), pensant qu'il s'agissait d'un aéroport français occupé par l'Allemagne. Face à cette chance, le Ministère de l'Air britannique s'est vite empressé d'utiliser ses spécifications pour la Royal Air Force[1].

Conception et développement

[modifier | modifier le code]

Le Hawker Fury fut le successeur du Hawker Typhoon et du Hawker Tempest. Le Fury fut conçu en 1942 par le célèbre Sydney Camm en réponse à un appel d'offres émis par la Royal Air Force visant à remplacer le Tempest II. Conçu comme « un Tempest en plus léger », il utilisait comme son aîné une aile semi-elliptique rivetée au centre du fuselage. Le fuselage lui-même était similaire à celui du Tempest, mais totalement monocoque et avec un cockpit surélevé afin de fournir une meilleure visibilité au pilote[2]. Le Ministère de l'Air fut suffisamment convaincu par le projet pour publier un cahier des charges (Air Ministry Specification F.2/43) le concernant[3].

Six prototypes furent commandés : deux furent motorisés par des Rolls-Royce Griffon, deux par des Bristol Centaurus XXII, un par un Centaurus XII et le dernier servit aux tests de structure. Le premier Fury à prendre l'air était le NX798, ce premier vol eut lieu le et l'avion était motorisé par un Centaurus XII entraînant une hélice quadripale Rotol. Le second fut le LA610 qui prit l'air le , animé par un Griffon 85 entraînant une hélice contrarotative constituée de deux hélices tripales. À ce moment, le développement du Fury était mené de front avec celui du Sea Fury de sorte que le prototype suivant à prendre l'air fut un Sea Fury, le SR661, décrit comme une « navalisation » du Fury. Le NX802 fut le dernier prototype à voler, le , mû par un Centaurus XV. Avec la fin du conflit en Europe, le contrat du Fury terrestre fut annulé par la RAF et le développement se concentra sur le Sea Fury. Le LA610 fut alors remotorisé par un Napier Sabre fournissant près de 4 000 ch (2 983 kW), devenant ainsi le Hawker à moteur à pistons le plus rapide, atteignant 780 km/h[4].

[modifier | modifier le code]
Hawker Sea Fury FB 11

En 1943, la conception de l'appareil fut modifiée pour s'accorder au cahier des charges N.7/43 de la Royal Navy décrivant un chasseur basé sur un porte-avions. La société Boulton Paul Aircraft fut chargée de la conversion, cependant que Hawker continuait le développement de la version terrestre. Le premier prototype du Sea Fury, le SR661, effectua son premier vol le , motorisé par un Centaurus XII. Ce prototype était muni d'une crosse d'appontage mais n'était pas encore équipé des ailes repliables destinées à faciliter le stockage des avions[3]. Ces dernières apparurent sur le SR666, qui fut le second prototype à prendre l'air, le , motorisé par un Centaurus XV entraînant une nouvelle hélice Rotol à cinq pales. Le cahier des charges fut alors converti en commande officielle (N.22/43) portant sur 200 appareils, dont 100 seraient construits par Boulton-Paul.

Les deux prototypes étaient en phase de tests d'appontage lorsque le Japon signa sa reddition en , signant la fin de la version terrestre du Fury. Mais le travail sur le Sea Fury continua, la commande se réduisant à 100 exemplaires et le contrat avec Boulton Paul étant annulé. Le prototype du Sea Fury en cours de construction chez Boulton Paul (VB857) fut alors transféré à l'usine Hawker de Kingston. Cet avion, construit aux mêmes standards que le SR666, effectua son premier vol le .

Le premier modèle de série, le Sea Fury F.Mark X (F pour Fighter, chasseur), vola en septembre 1946. Quelques problèmes apparurent sur les crosses d'appontages mais ils furent rapidement résolus et l'avion reçut sa qualification « porte-avions » au cours du printemps 1947.

Carrière opérationnelle

[modifier | modifier le code]

Royaume-Uni

[modifier | modifier le code]
Un Sea Fury FB 11 décolle du HMS Glory en 1951.

Le Seafire (version navalisée du Supermarine Spitfire) ne s'était jamais révélé adapté à un usage sur porte-avions, sa visibilité médiocre et un train d'atterrissage à voie étroite rendaient les décollages et appontages particulièrement dangereux. En conséquence, le Sea Fury F X le remplaça sur la plupart des porte-avions[5]. Les Sea Fury furent affectés aux escadrons 736, 738, 759 et 778 de l'aéronavale.

Le F.X fut suivi par le Sea Fury FB.XI, variante chasseur-bombardier (que l'on appellera plus tard FB 11) qui sera produite à 650 exemplaires. Le Sea Fury demeura le principal chasseur-bombardier de l'aéronavale jusqu'en 1953 avec l'introduction du Hawker Sea Hawk et du Supermarine Attacker.

Un Sea Fury canadien sur le NCSM Magnificent (CVL 21).

Un total de 74 Sea Fury FB11 (ainsi qu'un exemplaire du FB 10) servirent dans la marine royale canadienne entre 1948 et 1956. Tous appartenaient au 871e escadron, opérant à partir du NCSM Magnificent (CVL 21).

Sea Fury F50 cubain au Musée de la Révolution.

Durant la révolution cubaine en 1958, le gouvernement de Fulgencio Batista achète 17 Hawker Sea Fury ex-Fleet Air Arm (quinze FB.11 et deux T.20. d'entrainement)[6].

Durant le débarquement de la baie des Cochons (playa Giron) en , trois Sea Fury et cinq Lockheed T-33 de ce qui alors la Force aérienne révolutionnaire ont participé aux combats contre les avions, les navires et la force terrestre d'invasion. Deux Sea Fury ont été détruits au sol avant le débarquement, un a été abattu par un bombardier bimoteur B-26, un autre a été perdu par accident ou à la suite de tirs antiaériens[7].

Le transport Houston touché par un T-33A et un Hawker Sea Fury de l'aviation castriste à h 50 le s'échoue volontairement, le LCI(L) Barbara J. est touché au même moment mais l'équipage éteint l’incendie. À h 30, le Rio Escondido est également touché par l'aviation cubaine puis sombre[8]..

À 11 h, un T-33A abat un B-26B des FAL. Deux autres B-26B seront abattus l’après-midi par des T-33A. Le dans l’après-midi, deux autres B-26B subissent le même sort, abattus par l'un par un Sea Fury et l’autre par deux T-33[7]. Le Sea Fury est encore exposé au Musée de la Révolution à La Havane.

Autres opérateurs

[modifier | modifier le code]
Un Sea Fury originellement construit en 1958 pour la force aérienne irakienne aux couleurs des forces aériennes de la marine australienne en 2018.

Le Sea Fury fut utilisé par plusieurs pays :

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. On Canadian Wings: century of flight - Peter Pigott 2005
  2. Jane 1946, p. 127.
  3. a et b Greg Goebel, « Hawker Typhoon, Tempest, & Sea Fury », Air Vectors (consulté le ).
  4. Francis Mason 1991, p. 342–347.
  5. « Hawker Sea Fury », Fleet Air Arm (consulté le )
  6. Ruben Urribarres, « La Fuerza Aérea del Ejército de Cuba (FAEC) y Batista (1952–1955) », sur Cuban Aviation (consulté le )
  7. a et b Frédéric Stahl, « 1962 La Crise de Cuba », Navires et Histoire, no 110,‎ , p. 44.
  8. « Bay of Pigs Operation, Volume 1: Air Operations March 1960 – April 1961 pp. 9–12. » [archive du ], Central Intelligence Agency, (consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Fred Jane, Jane's fighting aircraft of World War II, New York, Military Press, (ISBN 0-517-67964-7), « The Hawker Fury and Sea Fury ».
  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi (trad. de l'italien), Les avions, t. 5 : L'ère des engins à réaction, Paris/Bruxelles, Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », , 316 p. (ISBN 2-8003-0344-1), p. 140-141.
  • Brown, Captain Eric. "Finale Furioso... The Era-Ending Sea Fury". Air International, Vol. 18, No. 2, February 1980, p. 82–86, p. 94–98. (ISSN 0306-5634).
  • Buttler, Tony. "The RAF Have No Fury..." Air Enthusiast, No. 86, March/April 2000, p. 46–53. (ISSN 0143-5450).
  • Kev Darling, Hawker Sea Fury, North Branch, MN, Specialty Press Publishers and Wholesalers, coll. « Warbird » (no 37), , 104 p. (ISBN 1-58007-063-9).
  • Ferrer, Edward B. Operation Puma: The Air Battle of the Bay of Pigs. Atlanta: Georgia: International Aviation Consultants, 1982 (English edition), First edition 1975 (Spanish). (ISBN 0-9609000-0-4).
  • Geldhof, Nico and Luuk Boerman. Hawker Sea Fury: History, Camouflage and Markings - Hawker Sea Fury F.(B)Mk.50/60/51 Koninklijke Marine Luchtvaartdienst/Royal Netherlands Naval Air Services (Dutch Profile 3) (bilingual Dutch/English). Zwammerdam, the Netherlands: Dutch Decal, 2005. No ISBN.
  • "Goodly Heritage". Flight International, 10 October 1946. p. 392–394.
  • (en) James Goulding, Interceptor : RAF single-seat multi-gun fighters, Londres, I. Allan, , 192 p. (ISBN 978-0-7110-1583-8).
  • Hobbs, David. "Korean Warrior – FAA in Korea". Aircraft (Ian Allan Publishing), October 2011. (ISSN 2041-2150).
  • Ron Mackay, Hawker sea fury in action, Carrollton, TX, Squadron/Signal Publications, (ISBN 0-89747-267-5).
  • (en) Francis Mason, Hawker aircraft since 1920, Londres, Putnam, (ISBN 0-85177-839-9).
  • (en) K. J. Meekcoms et E.B. Morgan, The British aircraft specifications file : British military and commercial aircraft specifications 1920-1949, Tonbridge, Air-Britain (en) Historians Ltd., (ISBN 0-85130-220-3).
  • (en) Bruce Robertson, British military aircraft serials, 1878-1987, Leicester, Midland Counties Publications, (ISBN 0-904597-61-X).
  • Sea Fury at War DVD (IWM Footage). Retrieved: 3 April 2008.
  • (en) Ray Sturtivant, Fleet air arm fixed-wing aircraft since 1946, Tonbridge, Air Britain (Historians) Ltd (en), (ISBN 0-85130-283-1)
  • (en) Ray Sturtivant et Theo Ballance, The squadrons of the Fleet Air Arm, Tonbridge, Air-Britain, , 480 p. (ISBN 0-85130-223-8).
  • (en) Owen Thetford, British naval aircraft since 1912, Londres, Putnam, (ISBN 0-370-30021-1).
  • (en) Graham Thomas, Flying fury : the story of the men and machines of the Fleet Air Arm, RAF and Commonwealth who defended South Korea, 1950-1953, Londres, Grub Street, , 191 p. (ISBN 1-904010-04-0).
  • (en) Barry Wheeler, The Hamlyn guide to military aircraft markings, Londres, Chancellor Press, , 160 p. (ISBN 1-85152-582-3).
  • (en) Stewart Wilson, Sea fury, firefly, and sea venom in Australian service, Weston Creek, ACT, Aerospace Publications, (ISBN 1-875671-05-6), p. 23–36.